NOMENCLATURE TECHNIQUE
L’aïkido et un art martial sans compétition, vecteur de valeurs essentielles à la construction de l’enfant et de l’adolescent. Il nous revient donc de construire un savoir et des pratiques pédagogiques spécifiques pour ces publics jeunes qui sont en outre les garants de la pérennité de la pratique de l’Aïkido.

Il est donc nécessaire de créer pour les jeunes une nomenclature spécifique, mais adossée à la nomenclature adulte établie par le Doshu Kisshomaru Ueshiba. La nomenclature « enfants » nous servirait de point de départ pour aller ensuite vers une nomenclature « ados » puis adultes, sans rupture, dans une logique de continuité.

Cette nomenclature « enfant » permettrait ainsi de structurer davantage l’enseignement de l’Aïkido dispensé dans les clubs, avec plus de cohérence à l’échelle de la fédération. Il ne s’agit pas de gommer la diversité et les approches personnelles des enseignants. L’enjeu est de parvenir à s’entendre sur de bonnes pratiques communes, pour aider des enseignants en demande de conseils, et avancer ensemble dans une même direction. Au final, il s’agit bien surtout de reconstituer un vivier de jeunes pratiquants sur lesquels reposera l’avenir de la pratique de notre discipline.

L’élaboration d’une nomenclature « jeunes » doit reposer sur une réflexion et un travail collectif, qui se nourrissent de l’expérience de tous les experts intéressés.

Cette nomenclature prend racine autour de certaines bases de réflexions que sont :

Partir des techniques (Kihon en particulier) puisées dans la nomenclature adulte pour les adapter aux enfants, en tenant compte de leurs caractéristiques psychologiques et morphologiques. Il ne s’agit pas de «créer » de nouvelles techniques pour les enfants, mais seulement les adapter sans pour autant dévoyer les valeurs de notre discipline.
S’adapter aux caractéristiques de l’enfant, c’est aussi accepter sa curiosité et sa nécessité parfois d’aller « voir ailleurs », et parfois même de décrocher. Il est fréquent qu’un enfant décide d’arrêter l’Aïkido après plusieurs années de pratique, surtout entre 12 et 16 ans. Il vaut mieux l’accompagner dans ses choix pour lui montrer l’intérêt réel de son professeur pour sa personne, et lui rappeler que la porte du dojo reste ouverte… dans les deux sens. Beaucoup reviennent ensuite. Ces allers-retours doivent être naturels, acceptés et accompagnés en prenant le risque de la rupture. Et du retour !
Insister sur la continuité de la pratique de l’enfance vers l’âge adulte. Les enfants doivent pouvoir s’intégrer sans rupture dans le cours « ados » puis adultes : aucun de ces 3 niveaux ne doit être hermétique. Les enfants et les ados doivent pouvoir assister ponctuellement aux cours adultes, en fonction de leur niveau et de leur investissement. C’est pourquoi il est important que les techniques soient adaptées, mais qu’elles restent fondamentalement les mêmes et ainsi en faciliter la progression.
Comme pour les adultes, la progression des enfants doit être ponctuée par des dispositifs d’évaluation et valorisation, les passages de grades en font partie, mais ne sont pas les seuls dispositifs à potentiellement déployer.

Exemples : Système de parrainage grands-petits ou débutants-expérimentés, responsabilisation avec mise en avant pour la démonstration technique ou prise en charge d’un exercice ciblé, confier certaines missions ponctuelles au sein du dojo avec rotation des rôles, carnet d’autoévaluation de sa pratique et d’intégration des règles d’étiquette.

Exemple 1: Tutorat
Un jeune qui vient d’obtenir son SHODAN, va devoir choisir un enfant de 12/13 ans dans le club et l’accompagner en tant que tuteur/grand frère. Il aura la tâche et la responsabilité de l’accompagner jusqu’à sa ceinture noire (dès 15 ans) SHODAN, également.

C’est un moyen observable et technique d’obtenir des conseils en corrélation avec le professeur. Celui de responsabilisé dès leurs plus jeune âge petits et grands, peut-être une formation préalable à leur propre pédagogie future.

Le tutorat est une relation formative entre un enseignant, le tuteur, et un apprenant, (l’élève). Il se distingue de l’enseignement classique impliquant professeurs et élèves, par une formation individualisée et flexible.

Le tuteur n’a pas forcément toutes les connaissances que doit maîtriser l’apprenant au terme de sa formation car son rôle n’est pas d’apporter des réponses aux problèmes posés mais de guider l’apprentissage. Que le tuteur soit un professeur, ou un autre élève/grand frère. Dans le deuxième cas, on parle de « tutorat par les pairs ».

Le tutorat représente une relation pédagogique singulière entre pairs mais c’est aussi un type particulier de situations de service orienté vers le conseil et l’accompagnement.

Exemple 2: Le carnet de présence.
Ce carnet permet de visualiser l’assiduité de l’enfant dans l’activité qu’il a choisi mais également son investissement personnel. Plus il est présent, plus son carnet se remplit, plus il apprend et plus il s’investit. Ce carnet, visible par les parents, permet aussi un lien très important entre l’enfant, les parents et le professeur.

Quand le carnet est le mieux tenu et le mieux rempli du club, l’enfant sera récompensé en fin d’année sportive par un cadeau. Il s’agit de proposer aussi un retour sur leur comportement psychosocial tout au long de l’année au sein du groupe ainsi que de leur constance au sein du cours, et cela en lien avec le développement de l’aspect technique et des principes d’Aïkido qu’ils développeront avec l’enseignant. C’est une autre possibilité d’évaluation leur permettant d’avoir une ceinture et de passer un niveau d’une manière andragogique sans anxiété dû à un passage de grade. C’est une autre vision qui soulève l’idée d’alterner les deux propositions et qui reflète bien l’état d’esprit non compétitif de l’Aïkido. Faire une pause non compétitive sur le résultat dû à un passage de grade correspondant dans certains cas à un univers contraignant pour l’enfant et anxiogène.